Après la baie de Saint Brieuc et Dunkerque, direction Saint Nazaire dès demain, samedi 12 septembre, pour Fabien Delahaye et l’ensemble de la flotte de la Solitaire du Figaro. A 16h, le skipper de Laboratoires Gilbert s’élancera sur un parcours piégeur de 492 milles pour relier Dunkerque à Saint Nazaire, via les zones maritimes de la Manche et de l’Atlantique les plus compliquées à gérer. Petit temps, courants, algues, effets de site… Tous les ingrédients sont réunis pour que cette troisième manche soit palpitante.
Neuvième au classement général provisoire à 1h 03 minutes et 44 secondes du leader Armel Le Cléac’h, mais à seulement 20 minutes de la deuxième place, Fabien Delahaye veut continuer sur la lancée de ses deux premières manches durant lesquelles il a toujours navigué aux avant-postes. Confiant et déterminé, il évoque cette troisième étape cruciale pour le classement général.
Tu qualifies cette troisième manche entre Dunkerque et Saint Nazaire d’étape « hors catégorie », pour quelles raisons ?
« Tout d’abord elle est très longue et elle ne peut pas être raccourcie en fonction des conditions météo car on est en route directe jusqu’à Saint Nazaire. Ensuite c’est essentiellement du côtier et des petits segments sur tout le trajet, donc aucune portion qui permette de se reposer ou de profiter d’un vent stable. On va en plus passer par des endroits compliqués à forts courants -sans parler des algues- cela peut donc générer soit des écarts, soit des regroupements. Globalement on passe par toutes les zones difficiles de la façade Manche-Atlantique, ça va être rude pour les nerfs. Tous les ingrédients sont réunis pour générer du stress et des écarts, c’est l’étape de tous les pièges. »
Comment aborde-t-on une étape si compliquée sur le papier ?
« On la prépare comme toutes les autres avec les météorologues, on a tout le temps la même routine : trois jours avant le départ on commence à regarder les fichiers que l’on affine jusqu’au jour du départ. Ainsi en quittant le ponton, le schéma est bien intégré, on sait à quel moment il y a des transitions, quels seront les points délicats, quelles seront les phases de conduite pure. L’idée c’est d’avoir son roadbook en tête et de l’adapter pendant la course s’il y a quelques chapitres manquants ou des changements météo.
Dans tous les cas, une fois sur l’eau, pour mieux anticiper tout ce qu’il va se passer, il vaut mieux jouer devant. Mais, vu la physionomie de l’étape, il ne faut surtout pas s’inquiéter outre mesure si ça part par devant parce qu’on sait qu’à tout moment ça peut revenir. C’est une chose à garder en tête, c’est important pour le mental. L’idée c’est de faire une belle étape, de s’inspirer d’Armel Le Cléac’h (avec lequel Fabien a remporté la Transat AG2R La Mondiale en 2010) qui navigue sans se préoccuper de la flotte, il est donc libéré, il suit son schéma et ça fonctionne. Il faut bien comprendre ce qui se passe sur l’eau et aller là où on a prévu d’aller. »
On arrive à mi-Solitaire, la fatigue accumulée doit commencer à être facteur-clé ?
« On a eu la chance d’avoir une deuxième étape rapide donc un long temps de récupération à Dunkerque. Je me repose beaucoup et je fais pas mal de séances de kiné, cela permet de récupérer physiquement, notamment au niveau du dos qui souffre avec les nombreuses heures passées à la barre. Je me sens bien. »