Après 18 jours 12 heures 10 minutes et 12 secondes de mer, Fabien Delahaye et Anthony Marchand ont finalement touché terre. Ils ont passé la ligne d’arrivée de la Transat en double Concarneau – Saint Barthélémy ce lundi 31 mai à 7h 10 minutes et 12 secondes (heure française) en quatorzième position, 7 heures après les vainqueurs. Une déception pour le duo qui visait mieux avant le départ de Concarneau le 12 mai dernier mais qui s’était fait une raison depuis quelques jours lorsque la route s’est ouverte pour le groupe Nord. Sans compter les petits pépins accumulés à bord du Figaro Groupe Gilbert qui font perdre du terrain qu’il est difficile de combler complètement.
Malgré cela, Fabien et Anthony sont satisfaits de ce qu’ils ont produit sur l’eau, la bataille fût intense et le binôme a très bien fonctionné, se battant sans relâche pendant ces 18 jours. Explications par Fabien.

 

Retour en arrière

« On fait un bon début de course, on est bien dans le match, plutôt dans le trio de tête avec Guyot Environnement et Bretagne CMB Performance quand notre drisse de tête de mât se casse (la drisse de spi) peu avant les Canaries. Ça veut dire voiles qui tombent à l’eau et montée au mât pour réparer, dans une mer formée qui plus est. On a dû monter trois fois au mât dans 25-30 nœuds de vent avec de la mer, forcément ça fait perdre du terrain. Mais on réussit à résoudre le problème donc on est content. On recolle même au paquet, au contact de Breizh Cola, on est plutôt bien placés.

Vient le moment du choix de la route Nord ou de la route Sud après les Canaries pour rejoindre Saint Barthélémy. Le scenario du Nord nous envoie dans du vent faible, jouer les hautes pressions avec des fronts où la visibilité météo à 10 jours n’est pas bonne. On trouve ça très risqué, la situation peut se dégrader. Il nous semble plus opportun de jouer le Sud avec son vent constant, on est serein. D’ailleurs la totalité du paquet de tête dans lequel nous sommes choisit le Sud. On sait qu’on ne reverra plus les autres jusqu’à l’arrivée.

Ensuite on se place plutôt à l’Ouest de notre groupe en empannant un peu plus tard pour essayer de jouer un meilleur angle. Ce placement dure 4 ou 5 jours et il est déterminant pour la suite. Au début il est payant, on revient bien, on a Breizh Cola à vue à 2,5 milles à l’AIS mais on se fait rapidement happer par le vent faible. C’est parti par devant et à partir de là notre place dans le paquet était jouée.  Pendant 4 jours les autres bateaux allaient tous plus vite que nous, on se faisait avoir par les nuages. On est dernier de notre groupe, on court après eux. Sauf qu’en Figaro il est difficile de rattraper des milles, d’autant que le niveau de jeu des concurrents est tel que peu font des erreurs. C’est vraiment un moment compliqué à bord, on a le moral en berne parce que rien ne se passe comme prévu. Et pour couronner le tout, à quelques jours de l’arrivée, une voie magistrale s’ouvre au Nord et l’autre groupe réussit à croiser devant.

Au final ça donne une quatorzième place, ce qui n’est franchement pas terrible. On venait chercher mieux. Il nous a manqué ce petit truc en plus qu’on peut avoir parfois. »

 

Le binôme avec Anthony Marchand

« Aucun regret là-dessus, notre duo a bien fonctionné. On est content de que l’on a fait sur l’eau, on a su résoudre nos problèmes et revenir sur les autres à chaque fois. On a toujours été réactif. On a fait notre Transat, on se sentait bien dans le match, mais rien ne nous a souri. Ce sont des choses qui arrivent, parfois tu as l’impression que les éléments sont toujours contre toi. Quand ça ne veut pas… »

 

La première Transat du Figaro Bénéteau 3

« La bonne nouvelle c’est qu’il a montré qu’il était marin et capable de traverser l’Atlantique, c’est une bonne chose. Mais il est vraiment très dur à vivre et compliqué à gérer. On est dans l’inconfort total car l’intérieur est petit et spartiate, surtout avec tout ce que l’on embarque pour une Transat (eau, sacs, matériel, etc.). Et puis les mouvements du bateau, l’inconfort sonore… Beaucoup de choses le rendent difficiles à vivre. Mais on s’adapte à tout, la preuve on vient de traverser l’Atlantique. Et on a découvert l’utilité des boules Quiès, c’est parfait pour les quarts ! »

 

Les sargasses

« Cette année elles sont apparues très vite, on en croise depuis les Canaries. Et c’est délirant, sans cesse des lignes, des champs, des îles de sargasses. Si tu additionnes les quantités de sargasses sur l’Atlantique, tu fais un continent !
Je ne m’y attendais pas à ce point, parfois elles se prenaient en bas de la quille (qui fait 2,50 mètres) donc ça veut dire que la quantité est épaisse, elles ne sont pas juste en surface. On n’imagine pas à quelle vitesse ça remplit la quille. Subitement tu traînes un poids énorme, le bateau pique du nez et devient incontrôlable. On est obligé de faire des marches arrière constamment pour libérer la quille sinon on ne contrôle plus le bateau. A certains moments, tu ne peux pas barrer tellement la barre est dure à cause des algues, c’est un vrai fléau. »